lundi 14 décembre 2009

COP15 Climate Change Conference Copenhagen - Semaine 1


Je vis à Copenhague depuis 9 mois et c'est tombé pile pendant la Conférence de Copenhague. Climat-sceptiques ou pas, il est difficile d'ignorer l'importance de cette conférence aujourd'hui. Ne serait-ce que par sa couverture médiatique.
J'ai donc décidé qu'il pourrait être utile et éventuellement intéressant de savoir un peu plus précisément et factuellement ce qu'il s'y passe. Voici un résumé des 7 jours de la première semaine.

Day 1
  • “Nous parviendrons à un accord” a dit le premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen dans son discours d’ouverture, insistant sur le fait que les discussions devront surmonter un profond manque de confiance entre les nations riches et les nations pauvres sur le partage de la responsabilité de réductions d’émissions. Le 17 et 18 décembre, 110 chefs d’état et gouvernements seront à Copenhague dans le but de signer un accord politique global sur le climat.
  • Il a également souligné que le deuxième aspect majeur des négociations est le financement des réductions et de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.
  • Afin de maintenir la pression sur les autres acteurs principaux (Chine et USA) l’UE garde ses cartes cachées sur le niveau de son engagement de réduction d’émissions. Déjà engagée sur 20% d’ici à 2020, elle ira peut-être jusqu’à 30 si d’autres nations (principalement Chine et US) prennent des engagements comparables.
  • Coincidant avec le début de la Conférence de Copenhague, l’EPA (environmental protection agency) a conclu lundi que le CO2 et 5 autres GHG etaient une menace à la santé publique. Comme telles, les 6 substances peuvent être sujettes à régulation sous le Clean Air Act et ainsi permettre une régulation même si le Sénat ne parvient pas à faire passer la législation.
Day 2
  • Mardi, dans l’après-midi du deuxième jour de la Conférence, The Guardian publia un texte de compromis sur le climat rédigé par le Danemark qui causa fureur parmi les pays en développement. Un des sujets sensibles des négociations a été le niveau d’engagements des pays sous développés. Le présent accord, le Protocole de Kyoto, exempte les pays sous développés d’engagements de réductions d’émissions. Le « texte danois » dit que « les pays en développement, hormis les pays les moins avancés qui pourraient contribuer de leur propre gré, s’engageraient à mettre en place des actions nationales de réductions. » La fuite de ce texte informel, qui a soulevé des protestations de la part des pays en développement notamment sur la distinction entre pays moins avancés et les autres, est perçue à ce stade de la conférence comme un évènement malheureux.
  • Une étude de la International Organization for Migration parue mardi, montre qu’entre 25 millions et un milliard de personnes pourraient être déplacés dans les 4 prochaines décennies, mais qu’en raison d’un manque de moyens et de capacité à voyager vers des zones plus riches, peu de « réfugiés climatiques » quitteraient leur pays. Cette parution répond aux spéculations qui surestiment l'importance d'une éventuelle migration des pays pauvres vers les pays riches en raison du changement climatique.
  • Mardi la France plaidait pour que l’accord politique à la Conférence inclue une taxe sur les transactions financières afin d’aider les pays en développement, dit Le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner. Cette taxe viendrait s’ajouter aux fonds publics apportés par les gouvernements.
  • A la fin de cette deuxième journée, le premier ministre britannique exigeait de l’UE qu’elle devoile ses cartes.
Day 3
  • Le troisième jour des négociations a été marqué par l’opposition entre les deux acteurs et pollueurs majeurs : la Chine et les US. Su Wei rejeta une proposition de l’UE que les pays émergents s’engagent sur des réductions d’émissions et paient une partie du financement public aux pays en développement. D’après le Protocole de Kyoto les pays émergents n’ont d’engagements ni envers leurs émissions de CO2 ni envers le financement des pays sous développés. Ce a quoi son homologue américain Tod Stern répondit, dès son arrivée mercredi à la conférence, qu’il ne pourra y avoir de nouveaux accords sans la chine dont les émissions augmentent de façon dramatique et que l’objectif américain de 17% vs 2005 (4% vs 90) pourra s avérer plus élevé.
  • Les états-îles et les nations africaines les plus pauvres exigeaient mercredi que la conférence aboutisse sur un document légalement contraignant plus dur que le protocole de Kyoto. La Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud s’y opposèrent avancant que cela retarderait leur développement économique.
  • A la suite de la publication de l’EPA, le Sénat américain annonça mercredi, que la législation porterait sur une réduction de 20% d’ici à 2020 (par rapport à 2005).
  • Le Danemark, pays hôte de la conférence, a été le premier à mettre de l’argent sur la table pour financer l’adaptation des pays en développement : 0,16 bn euros ont été promis.
Day 4
  • Jeudi un autre draft texte de traité est apparu. Les auteurs sont les principales économies émergentes (Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil) qui demandent aux pays riches de réduire leurs émissions de plus de 40%.
  • D’après l’AFP, le groupe des 77 a saisi l’opportunité de la remise du Prix Nobel de la Paix à Barack Obama en Norvège, pour exiger des Etats-Unis qu’ils ratifient le protocole de Kyoto et apporte 200 milliards de dollars à la lutte contre le changement climatique. Le coordinateur du G77 réfuta également les spéculations de division au sein du groupe des 77 entre pays émergents et les autres.
  • Jeudi, la recherche Google « Copenhague » était classée numéro 1 des recherches Google dans le monde.
Day 5

  • Vendredi l’Union Européenne a annoncé le montant du financement apporté aux pays les plus pauvres afin de les aider à lutter contre le changement climatique : 2,4 milliards d'euros par an jusqu'à 2012 soit 7,2 milliards d'euros au total, le tiers de ce que les Nations Unis estiment nécessaire pour la période. Elle attend toujours que les autres pays développés prennent des engagements comparables.
  • Un premier texte officiel de traité a été diffusé vendredi à la conférence des 192 nations. Ce texte serait la base d’un nouvel accord global pour lutter contre le changement climatique à partir de 2012, quand le Protocole de Kyoto expirera. Il dit que les émissions devraient être divisées par 2 en 2050 par rapport aux niveaux de 1990. La répartition de cet engagement entre les pays ainsi que les montants du financement apportés aux G 77 restent entre parenthèses.
  • La Russie a affirmé vendredi qu’elle avait rempli ses engagements de Kyoto et que ses quotas inutilisés devraient être reportés. Comme les principaux pays émergents, la Russie refuse de sacrifier le développement de son économie.
  • La Chine et les USA continuaient vendredi leurs échanges houleux. Le ministre des affaires étrangères chinois s’est dit choqué de l’affirmation de Todd Stern concernant le refus d’adresser l’argent public américain à l’aide climatique en Chine. La Chine a beau faire partie du G77, Stern ne la considère pour autant pas comme un des pays dans le besoin.
Day 6
  • Des écologistes du monde entier (entre 30 000 à 80 000 selon les estimations) ont défilé samedi à Copenhague et manifesté pour un accord global sur le Changement Climatique.
  • Après une semaine de négociations, de l'argent a finalement été mis sur la table et un draft d'accord a circulé. Les vraies négociations commencent maintenant.
  • L'Inde a posé des limites très claires sur le type d'engagement qu'elle est prête à faire.
  • Le Mexique s'est engagé à réduire ses émissions de 50 millions de tonnes par an à partir de 2012. 
  • Le négociateur du G77 a critiqué samedi l'offre de financement de 7,2 mds d'euros sur 3 ans de l'UE, lui reprochant de ne pas permettre de mécanismes de financement à long terme. D'après un draft de texte, 50 pays africains exigeraient 5% du PNB des pays riches ainsi que des réduction de -65% en 2020.
Day 7

La conférence était fermée dimanche.
Avec seulement une petite semaine avant l'arrivée des 110 chefs d'état vendredi 18, l'heure du bilan approche à grands pas.
  • D'après une source Bloomberg, le négociateur de l'union Afrique s'est assuré le soutien de la Chine dans les négociations. Celle-ci n'entreraient aucun traité si leurs conditions ne sont pas respectées.
  • A la moitié des 2 semaines de Conférence, les pays développés proposent des réductions d'émissions de gaz à effet de serre allant de 4% pour les USA à 20% pour l'UE en 2020 par rapport aux niveaux de 1990. Le chiffre agrégé est de 8 à 12 %. L'IPCC (le réseau scientifique dépendant des Nations Unies) recommende une baisse des émissions de 25 á 40% afin de maintenir le réchauffement en dessous de la barre des 2 degrés (au delà duquel le réchauffement semble irréversible) et espère que les futures discussions prendront en compte des engagements à long terme.

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